Le calvaire des élèves précoces au Sénégal.
Je
reconnais mon ignorance quant à
la logique qui sous tend l'organisation de notre système éducatif
: les cycles, leurs durées, les examens certificatifs etc.
Toutefois, je constate que les enfants intellectuellement
précoces ou surdoués sont les parents pauvres de notre
système.
Dans
certains pays développés,
la participation aux examens est déterminée par l'obtention des
connaissances et compétences réacquises et non par
l'âge du candidat.
Ici au Sénégal l'âge constitue un élément déterminant pour la
participation aux examens nationaux. Dès
lors, on peut légitimement se poser ces questions : Est-ce
qu'il faut retenir un enfant dans un niveau s'il prouve son
acquisition des compétences requises pour ce niveau-là?.
L'un des enjeux de l'Approche Par
les compétences (APC) ne
réside-t-il pas dans la prise en compte des compétences de
l'apprenant et nom les contenus de ses apprentissages ?
Il
semble bizarrement qu'au
Sénégal, l'APC ne permet pas
la prise en charge des
élèves intellectuellement
précoces (EIP) ou les
surdoués. L'enfant est tenu ici de
suivre le cycle quelques soit ses compétences ;
ses besoins spécifiques sont rarement pris en compte dans les
dispositifs d'enseignement apprentissage et d'évaluation. Sur
ce point, l'esprit de cette approche par
les compétence est, en mon
avis, un peu trahi.
Ce
problème poursuit beaucoup d'enfant suivant un cursus particulier
comme ceux qui ont fait l'école coranique avant de rejoindre l'école
publique. Quelquefois, un enfant
intellectuellement précoce mémorise le Coran en un laps de temps,
reçoit un enseignement intensif basé sur le programme officiel et
arrive en terminale avant l'âge requis. A
cause de son âge, il se voit bloqué par le système; une
montagne infranchissable de justificatifs à fournir se dresse devant
lu1i;
la plupart de temps il s'oblige à refaire une classe deux ou trois
fois avec tout ce que cela engendre comme démotivation et perte de
ressources.
Un
jours j'ai raconté a un visiteur américain l'anecdote d'un élève
qui a été empêché de subir l'examen au
baccalauréat à cause de
on âge, mon interlocuteur n'en revenait pas!
Dans
les systèmes éducatifs majeurs les enfants précoces ou surdoués
font l'objet de beaucoup d'intérêt en terme de suivi d'encadrement.
En France par
exemple « La loi d’orientation et de programme pour l’avenir
de l’école prévoit, dans son article 27 codifié 321-4, une
meilleure prise en charge des élèves intellectuellement précoces
ou manifestant des aptitudes particulières et qui montrent aisance
et rapidité dans les activités scolaires, “notamment par des
aménagements appropriés”.2
Au
Sénégal, on a beau parlé théoriquement de la pédagogie
différenciée, la réalité dans nos classes est qu'on est toujours
indifférent des problèmes des élèves intellectuellement précoces.
Il donc temps de leur
réserver « des aménagements appropriés » !
Same
Bousso
Inspecteur
de l'Enseignement Arabe
1Voir
« la note rectorale n° 0901/CAB/REC du 13 février 2012 »
dans le site de l'Office du Bac (www.officedubac.sn/)
2Cf
le site web http://eduscol.education.fr/
Tout à fait d'accord avec toi mon frère. Une aberration.
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