Le pays a besoin d'en débattre
J'ai
suivi l'élection présidentielle de loin. J'étais à Beyrouth du
vendredi 22 février 2019 au mercredi 27 février dernier. Avant
d'aller à l'aéroport pour revenir, j'ai assisté à un débat
organisé par une institution de recherche. Ce débat, sous forme de
brainstorming, portait sur la question identitaire dans les pays
arabes.
J'ai découvert, à travers
les différentes interventions, combien ces acteurs de la société
libanaise sont préoccupés par le communautarisme et les questions
identitaires qui gangrènent particulièrement leur société. Ces
intellectuels (universitaires, religieux, journalistes, ) sont de
différentes obédiences, chiite, sunnite et chrétienne. Ils sont
tous animés du désir de discuter et de s’entendre sur des
questions très sensibles dont le Liban a beaucoup souffert.
A travers leurs propos, j'ai
pu déceler la profondeur de la crise identitaire et la lourdeur des
barrières qui séparent les différentes communautés. Aussi, on
perçoit que d'énormes efforts sont en train d'être déployés afin
de sauvegarder un équilibre très fragile construit avec beaucoup de
peine dans ce pays.
Quand je voyais le désir
ardent et l'aspiration forte de ces intellectuels à retrouver une
cohésion sociale et un vivre ensemble qui dépassent les clivages et
enterrent les séquelles de la guerre civile, je me suis demandé si
les sénégalais mesurent à leur juste valeur la paix et la
cohésion sociale qui caractérisent notre société.
Au moment où d'autres
sociétés cherchent inlassablement à construire un état
démocratique et une cohabitation pacifique, on voit des actes et
entend des paroles qui menacent ce que nous avons de plus précieux à
préserver : l'entente et la cohésion.
Une lecture attentive et
approfondie de notre situation politique actuelle peut révéler des
germes très nuisibles. Même si l'on refuse de l'évoquer ou d'en
parler, un sectarisme ethnique et religieux commence à s'inviter de
manière dangereuse dans la vie politique sénégalaise et à
la polluer.
A mon avis, le plus
déplorable est le fait que les intellectuels qui sont sensés
prendre du recul et rappeler les politiques à la raison se font le
plus souvent invisibles et inaudibles.
Le contexte sécuritaire
dans la sous-région, l'appétit suscité par les ressources
naturelles découvertes et la pauvreté accentuée des populations
sont des facteurs de risque qui appellent tout le monde à la
prudence et à la sérénité. Les ambitions politiques (personnelles
ou égoïstes) ne doivent pas primer sur les intérêts suprêmes de
notre jeune nation.
Au bout du compte, je pense
que nous devons régulièrement organiser ce type de rencontre et de
dialogue chez nous pour travailler à préserver notre stabilité et
notre cohésion sociale.
Merci beaucoup, Serigne Sam BOUSSO, pour cette alerte.
RépondreSupprimerVous avez raison de pousser ce cri de détresse. Notre pays est aujourd'hui méconnaissable. Toutes les dérives sont permises. Disons-nous plutôt sont bénies.
Mais quelles en sont les causes?
Je pense que la réponse n'est pas difficile à bâtir et à être argumentée. Il suffit de regarder ceux qui mènent le débat politique, ceux qui occupent les postes les plus importants, ceux qui possèdent les médias, ceux qui dirigent l'économie de notre pays. Quelle est leur éducation? Leur degré de leur foi? Les scandales financiers dans lesquels ils sont impliqués? Leurs rapports avec les référents de ce pays? D'où viennent-ils?
La somme de ces réponses constitue les arguments qui nourrissent l'analyse des causes et des "germes nuisibles" dont vous parliez.
Merci pour ce bet eclairage
RépondreSupprimerSerigne Same
RépondreSupprimerTon alerte doit attirer l'attention de tous ceux qui aiment le Sénégal et qui sont préoccupés par son devenir. Ce n'est pas une question simple. Il ne faut pas croire qu'on arrivera à la régler par des diatribes ou bien en jetant l'anathème les uns sur les autres. Presque tous les acteurs politiques, économiques, culturels en tirent profit d'une manière ou d'une autre. Je pense que l'une des meilleures armes c'est l'EDUCATION. L'éducation de base, l'éducation politique, l'éthique religieuse...Merci d'avoir posé ce débat
Merci beaucoupmon inspecteur
Supprimervous avez parfaitement raison d'avoir poussé la réflexion. Tout le monde est concerné, car chacun aime ou doit aimer son pays