Il ne faut pas faire de l'amalgame sur la liste de Touba!

Ces derniers temps, la question de ce qu'on appelle "la liste de Touba" a soulevé un grand  débat et fait couler beaucoup d'ancre. Chacun y va de ses propres analyses. Pourquoi le Khalif n'a pas respecté la parité dans cette liste se demandent certains? D'aucuns commencent à chercher des explications, d'autres présentent l'absence de femmes dans la liste  comme un refus de la loi sur la parité. En tout état de cause, il serait précipité d'en déduire des conclusions quant à la place de la femme et son rôle dans la communauté mouride.
En effet, l'acte posé par  le Khalif ne déroge pas de la règle suivie par ces prédécesseurs dans la gestion de la ville sainte, à savoir choisir les personnes en qui il a confiance pour  diriger la communauté rurale. Le choix du Cheikh n'est pas guidé en réalité par la logique partisane ni de genre mais plutôt par la logique de représentativité, de compétence, d'intégrité et de disponibilité.
 Le fait qu'aucune femme n'est investie dans cette liste n'est pas imputable à des considérations de genre et ne signifie pas du tout que les femmes ne peuvent pas ou ne doivent pas participer à la gestion des affaires de la cité. Donc vouloir déduire de ce cas que Touba ne reconnaît pas à le femme sa place dans la chose publique c'est, à mon sens, aller trop vite en besogne! 
Pour preuve, des sokhna figurent dans la liste de Mbacke Kadior, communauté rurale du Khalif et celle de Keur Nganda, son village.
L'histoire de la mouridyya est pleine d'exemples qui prouvent l'importance du rôle de la femme dans la communauté mouride. On a vu des sokhna occuper de hautes fonctions de guide religieux. L'exemple de Sokhna Mai n'est pas loin de nous. Actuellement dans les dahira et les mutuelles,  les femmes sont plus actives que les hommes. À Touba les femmes ont toujours dirigé des activités d'une grande envergure dans plusieurs domaines.
Cette réalité n'est qu'une perpétuation de la vision de l'islam sur la place de la femme dans la société en tant que "sœurs germaines des hommes". Cependant cette vision islamique n'est pas  forcément équivalente à la vision occidentale qui prône des notions telles que l'égalité absolue entre homme et femme, la parité ou l'approche genre.
En définitive, ce qu'il faut éviter c'est de faire un amalgame ou de tirer des conclusions hâtives. Aller jusqu’à comparer l’absence de femmes dans cette liste au rapt des jeunes filles au Nigéria relève à mon sens d’une provocation pure et simple et ne mérite même pas qu’on s’y prête attention.[1]

La véritable question, à mon avis, est de savoir si les lois qu'on vote dans notre pays collent avec nos réalités?
                                                                                   Same Bousso Abdourahmane




[1]  .( voire Aly Samba Ndiaye dans son Article paru dans « Le Témoin » N° 1166)

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