Sur la situation politique du pays

Le Sénégal connaît, depuis sa deuxième alternance survenue en 2012, une situation politique presque inédite; une large coalition gouvernementale réunissant plusieurs entités politiques d'obédiences diverses (communistes, socialistes et libérales ), une opposition un peu dispersée qui cherche ses marques, une société civile obnubilée par la participation dans l'exercice du pouvoir. Cette situation renferme à la fois des avantages et des inconvénients pour notre système.
En effet, la prise de conscience  par les politiciens du fait qu'un seul parti politique ne peut plus gagner et gouverner seul est un atout pour une jeune démocratie comme la notre. Par ailleurs, l'absence d'un parti-état hégémonique ne fait que contribuer à renforcer l'administration publique, diminuer les risques d'une dictature et favoriser la liberté d'expression. 

Par contre, la coexistence de différentes familles politiques dans un gouvernement pourrait parfois induire au partage des postes de responsabilité aux fins de satisfaire une clientèle politique. Ce partage est de nature à favoriser les compétences en matière de  politique au détriment des  compétences en matière de gestion et amener les responsables à consacrer les ressources mises à leur disposition à la consolidation de leurs formations politiques respectives. 
En plus, le pouvoir exécutif dans une coalition peut être pris en otage par le choc des ambitions voilées; cette situation empêcherait une visibilité dans les orientations du gouvernement et la lisibilité dans ses politiques menées.
L'alignement des figures de la société civile au coté du pouvoir ou leur participation au gouvernement peut impacter positivement sur la bonne marche du pays, vu la richesse de leurs expériences , mais pourrait, en revanche, priver les populations de sentinelles à même de veiller efficacement sur le respect de leur droits ; ceci risque d'amener ces populations à prendre en charge eux même leurs revendications.

Après la demande sociale pressante, le défi principal de nos hommes politiques est, donc, d'éviter les inconvénients mentionnés  et d'oeuvrer dans le sens du renforcement de la démocratie, de l'état de droit et de la justice en faveur de l'ensemble de la population. 

Si la classe politique ne réussit pas à relever ces défis,  je craint fort que la sanction sera lourde de conséquences et peut être très douloureuse, ce que personne ne souhaite.

Same Bousso Abdourahman 

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