LA GUERRE DES CONCEPTS


La plupart des débats conflictuels dans le monde musulman sont  consécutifs à  des controverses sur la définition des concepts et sur leur application. Par exemple, une unanimité peut se dégager sur la dénonciation du terrorisme et sur la nécessité de le combattre, mais quand il s'agit de le définir  ou de qualifier un acte de terroriste ou non, les divergences surgissent, car les parties prenantes n'ont pas toujours la même interprétation du concept.

Ce constat est valable  dans presque tous les champs: religieux, politique, culturel etc. Des concepts tels que chirq( polythéisme ou associationnisme) bida' (innovation) tatarrouf (extrémisme ) i'tidal (modération) ghoulouw (exagération ) ... soulèvent parfois beaucoup de controverses non pas sur  leur caractère ou statut d'actes prohibés mais sur leur application. Ainsi, tous les musulmans considèrent le shirk comme étant le  pire des péchés qu'un croyant puisse commettre mais ils  n'ont pas souvent la même vision sur ce qui est shirk et ce qui ne l'est pas.
Souvent, la domination d'une acception sur les autres n'est pas due à des critères scientifiques mais plutôt à d'autres facteurs tels que le pouvoir politique ou l'hégémonie culturelle de ses porteurs.

Les courants de pensée islamiques ont parfois de différents mécanismes  d'interprétation des concepts et des textes sacrés. Généralement on n'oublie que ces mécanismes ne sont  ni sacrés ni infaillibles, étant une œuvre purement humaine. Paradoxalement, les théories construites sur la base de mécanismes élaborés par des êtres humains se revêtent d'un caractère divin et peuvent provoquer des conflits sanglants entre ceux qui les adoptent et ceux qui les réfutent.


La prise de conscience de cette question est nécessaire pour un débat interne paisible et constructif. Car elle permet de dépassionner beaucoup de  discussions et de les replacer dans leur contexte historique. 
                                                                                              Same Bousso Abdourahmane

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